BJ Doyle kisses his wife Judy on the cheek, against a backdrop of the mountains

Un an après mon déménagement sur la Sunshine Coast, j’ai rencontré Judy, celle qui allait devenir ma seconde épouse. Nous étions heureux et très amoureux, mais lorsqu’elle m’a annoncé qu’on lui avait diagnostiqué une forme d’Alzheimer précoce, je n’arrivais pas à y croire. Au fil de la progression de la maladie, j’ai pris ma retraite pour m’occuper d’elle à temps plein, une tâche que j’accomplissais avec beaucoup d’amour. Puisque sa fille unique avait déménagé en Nouvelle-Zélande et que le reste de sa famille vivait à Winnipeg, je n’avais que très peu d’aide au répit. En fait, je bénéficiais d’environ trois heures tous les deux vendredis.

Après le décès de Judy, je ne savais pas vraiment ce que l’avenir me réservait. Je savais que j’allais reprendre le travail d’une manière ou d’une autre, mais j’étais aussi occupé à me remettre de ces années passées à fournir des soins 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. J’ai contacté le directeur de l’agence de services à domicile par l’entremise de laquelle j’obtenais des soins pour Judy, et ce printemps, cela fera quatre ans que j’y travaille. Il s’agit d’un choix de carrière particulier pour quelqu’un qui a atteint le stade de vie où j’en suis, mais je suis très heureux.

Pendant 12 à 15 heures par semaine, je travaille comme aide-soignant, j’accompagne les gens dans leurs courses et je passe du temps avec eux. Je pense notamment à cet homme qui aime se rendre dans un café qu’il affectionne particulièrement, parce qu’on le laisse y amener son chien. Je ne me contente pas de m’asseoir et de boire un café avec lui ; j’aide à faciliter les conversations entre lui et d’autres personnes.

Si je n’avais pas rencontré Judy, je n’aurais jamais emprunté cette trajectoire. Je ne savais pas que j’avais en moi ces capacités d’empathie et de compassion, deux qualités essentielles pour faire ce type de travail. Le fait d’accompagner, jour après jour, des personnes en difficulté, d’être invité chez elles et de souvent être la dernière personne à les connaître véritablement implique une énorme responsabilité, que je ne prends pas à la légère.

En plus de ce travail, j’anime le balado Caring for Changes et je suis animateur bénévole d’un groupe de soutien mensuel pour les aidants. Il n’y a rien de plus réconfortant pour les aidants que d’entendre d’autres aidants parler de leurs expériences et de disposer d’un lieu où ils peuvent se sentir soutenus. Lorsque je termine une rencontre et que je vois les participants rester et échanger leurs numéros de téléphone, ça me réjouit. 

La prestation de soins m’a vraiment aidé à m’épanouir et à retrouver mon humanité. Et je ne pourrai jamais rendre la pareille à Judy. Tout ce que je peux faire, c’est lui rendre hommage en gardant son souvenir près de moi, et c’est ce que j’essaie de faire chaque jour.