Le Centre canadien d’excellence pour les aidants (CCEA) est heureux de parrainer trois programmes d’une durée de six semaines chacun, visant à enseigner la pleine conscience aux aidants et fournisseurs de soins, à partir de septembre 2022. Mais qu’est-ce que la pleine conscience au juste, et pourquoi tant de gens cherchent-ils à l’atteindre?   

Pour en savoir plus, nous nous sommes entretenus avec Sue Hutton, la formatrice en pleine conscience et travailleuse sociale qui offrira ces séances. Elle nous a parlé de sa pratique, des bénéfices de la pleine conscience et de ce que les participants peuvent s’attendre à recevoir lors des séances à venir.

Quelle est votre occupation? Depuis combien de temps travaillez-vous dans ce domaine?

Je suis une travailleuse sociale agréé ; ma pratique est principalement axée sur les personnes ayant des incapacités, ainsi que leurs familles. Mon cheminement dans le domaine des services aux personnes ayant des incapacités a débuté alors que j’avais 16 ans, et que j’ai décroché un emploi d’été à une ferme d’élevage de chevaux. J’y ai donné des cours d’équitation à un groupe de l’Institut national canadien pour les aveugles. C’est une expérience que j’ai adorée!

Quelques années plus tard, je suis devenue travailleuse de soutien auprès d’une famille qui vivait dans le même immeuble que moi. Leur enfant avait des crises depuis la naissance, et était atteint d’incapacités complexes. Puisque ses parents avaient besoin de soutien immédiat, ils m’ont inscrite à une formation de suppléance à la communication. De cette période passée avec la famille, je garde le souvenir de la froideur des salles en milieu médical, pleine de blouses blanches ayant une attitude distante avec l’enfant. Les difficultés émotionnelles des parents n’étaient aucunement prises en compte. J’étais là pour soutenir l’enfant et ses parents qui devaient naviguer les remous du système, et je savais que je voulais évoluer dans de domaine pour venir en aide aux gens. C’est là que le chemin menant à ma carrière de travailleuse sociale a débuté !

Comment vous êtes-vous intéressée à la discipline de la pleine conscience? Qu’est-ce qui vous a motivée?

Quand j’avais 16 ans (décidément une année charnière pour moi !), j’ai eu la chance extraordinaire de découvrir Ram Dass, considéré comme étant celui qui a introduit la pleine conscience en Occident. J’en étais tellement fascinée qu’à l’âge de 22 ans, j’ai décidé d’aller en Inde pendant une période d’un an pour participer à des retraites de pleine conscience silencieuses. J’ai continué la pratique formelle de la pleine conscience auprès d’enseignants, et j’ai effectué ma propre formation professionnelle en 2007.

Après cela, j’ai commencé à enseigner les techniques de réduction du stress basées sur la pleine conscience auprès de personnes atteintes du cancer. Dans le cadre de mon travail à Community Living Toronto, j’ai eu la chance de rencontrer Dre Yona Lunsky, du Centre Azrieli pour les troubles de neurodéveloppement, hébergé à CAMH, à clinique pour les personnes atteintes d’incapacités développementales. À cette époque, Dre Lunsky s’apprêtait à lancer une étude de contrôle randomisée visant à étudier les bienfaits de la pleine conscience chez les aidants, et elle avait besoin de quelqu’un qui avait une formation formelle pour animer les groupes de cette étude. Après cette rencontre, plusieurs portes se sont ouvertes à moi, et j’ai eu l’occasion de combiner mes années de pratique de la pleine conscience et mon expérience de travail auprès des personnes ayant des incapacités développementales.

Je continue de travailler dans le domaine de la pleine conscience au Centre Azrieli pour les troubles de neurodéveloppement de CAMH, auprès des aidants, des adultes autistes et des personnes vivant avec des incapacités. C’est une convergence d’intérêts idéale pour moi, qui me rapproche des valeurs qui m’animent et me motivent.

Parlez-nous des séances de pleine conscience que vous animez à CAMH et au CCEA. À qui s’adressent-elles?

D’ici au nouvel an, nous offrons trois sessions virtuelles de pleine conscience à l’intention des aidants et des fournisseurs de soins. Spécifiquement, nous avons des programmes pour les aidants auprès de personnes ayant des incapacités neurodéveloppementales, ainsi que pour les administrateurs et les gestionnaires du secteur des soins aux personnes ayant des incapacités développementales, de même que pour les fournisseurs de soins (les intervenants professionnels de première ligne) qui travaillent dans ce secteur. Nous offrirons des sessions similaires à l’intention des groupes plus vastes d’aidants durant l’hiver et au-delà.

Qu’est-ce que les participants peuvent espérer tirer du programme?

Notre équipe, à CAMH, a élaboré le curriculum avec Lee Steele et Amy Baskin, deux conseillères auprès des aidants qui ont des adultes autistes au sein de leurs familles. Ces sessions virtuelles offriront aux participants une foule d’outils accessibles qu’ils pourront ensuite intégrer à leur vie quotidienne. Nous pratiquons la méditation en groupe et abordons de nouvelles pratiques chaque semaine. Entre les sessions, les participants ont l’occasion de mettre en pratique ces apprentissages au moyen de ressources de méditation audio et d’un cahier d’exercices.

Les participants sont très ouverts et chaleureux les uns envers les autres, même dans un cadre virtuel. Nous encourageons les gens à participer de manière à se sentir à l’aise, que ce soit avec la caméra allumée ou éteinte.

Les participants aux sessions passées nous ont dit s’être sentis emplis d’une énergie nouvelle, qu’ils avaient trouvé de nouvelles façons d’être présents, et qu’ils avaient compris l’importance d’accorder la priorité à leurs propres besoins.

Pourquoi est-ce important d’adapter les sessions aux différents publics? Comment le contenu changera-t-il d’un groupe à un autre? 

Quand on propose ce programme en fonction des besoins spécifiques de différents groupes, il en résulte un sentiment d’appartenance de la part des participants. Les aidants et les fournisseurs de soins ont des expériences et des besoins distincts. La décision de proposer ces sessions à ces différentes communautés est une façon de respecter le besoin de leur créer un espace spécifique. Nous collaborons également avec des conseillers qui ont un vécu dans ce domaine, afin de personnaliser le contenu pour chaque groupe.

Quels sont les avantages d’un programme échelonné sur six semaines?

La pleine conscience est un cheminement qui s’avère bénéfique à toutes sortes de niveaux! D’anciens participants nous ont dit qu’ils avaient pris goût à la pleine conscience et qu’elle faisait désormais partie intégrante de leur vie. Certains nous ont dit qu’ils dormaient mieux et profitaient davantage de la vie. D’autres nous ont indiqué que les êtres chers dont ils prenaient soin avaient remarqué que leur aidant était plus calme, ce qui leur permettait de se détendre à leur tour. Bref, tout le monde est plus heureux !

Les résultats des recherches liées à notre programme indiquent que les aidants éprouvent une satisfaction accrue dans leurs relations de soins après avoir pratiqué la pleine conscience. Nous avons également observé que leur niveau de stress avait diminué. C’est quelque chose dont je pourrais parler pendant des heures, tellement le sujet me passionne !

Pour s’inscrire aux sessions sur la pleine conscience

Vous pouvez trouver des informations supplémentaires sur les programmes, y compris les modalités d’inscription, sur la page internet du CCEA. Vous n’avez qu’à suivre les liens ci-dessous :

D’autres programmes de pleine conscience pour les aidants et les fournisseurs de soins seront offerts en 2023.