Une jeune femme souriante aux longs cheveux bruns, assise dans une chaise balançoire en rotin, une main posée sous son menton.

Je suis devenue proche aidante à l’âge de 16 ans. Ma mère est tombée gravement malade, souffrant d’anorexie mentale et de schizophrénie. J’étais au secondaire à l’époque et j’essayais de me débrouiller au sein du système de soins de santé mentale de la Colombie-Britannique. Au cours des huit dernières années, j’ai offert à ma mère du soutien psychologique et émotionnel tout en essayant de l’aider à effectuer des tâches dont elle n’arrivait plus à s’occuper seule. Par exemple, je répondais à ses appels, j’organisais des visites de sa famille, je contactais des travailleurs en santé mentale, je la surveillais jour et nuit, je cuisinais et lui apportais de la nourriture à l’hôpital et je la remplaçais au travail lorsqu’elle était trop malade pour s’y rendre.

Puisque les maladies mentales sont très stigmatisées, il était très, très difficile d’obtenir des soins. Pendant plus de sept ans, ma mère n’a pas reçu le moindre soin. J’ai dû contacter le service de soins de santé mentale d’urgence pour les personnes qui, comme ma mère, refusent les soins. Ils sont venus à la maison plusieurs fois, mais comme ils considéraient qu’elle ne constituait pas un danger pour elle-même, il leur était impossible de l’emmener. Ces années ont été très difficiles. J’avais l’impression d’avoir perdu ma mère, j’avais perdu beaucoup de soutien familial et j’avais du mal à grandir seule. C’était une expérience remplie de solitude.

J’ai commencé à m’impliquer dans les organisations de proches aidants il y a à peine un an et demi, car auparavant, je ne pensais pas pouvoir me considérer comme une aidante. J’hésite encore à me décrire ainsi auprès de mes pairs ou de mon entourage, mais cela m’a permis de retrouver une certaine tranquillité d’esprit et d’obtenir une certaine forme de validation quant au rôle que je joue auprès de ma mère. J’ai l’impression d’occuper une place importante dans ses soins de santé et son bien-être. S’occuper d’une personne souffrant de troubles mentaux est très différent de s’occuper d’une personne souffrant d’une maladie physique. Il est vrai qu’on ne les aide pas à se lever ou à manger, mais le type de soins que je prodigue est important. J’ai longtemps eu l’impression d’être une impostrice. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.